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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/364

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marchandons avec lui, d’autant qu’il nous fâche de quitter ces vains amusements et de nous séparer de ces faux contentements ; c’est pourquoi il passe outre et nous laisse croupir, puis, quand nous le voulons chercher, nous avons beaucoup de peine à le trouver : aussi l’avons-nous bien mérité, puisque nous avons été si infidèles et déloyaux à son amour, que d’en avoir refusé l’exercice pour suivre celui des choses du monde. Ah ! vous avez donc de la farine d’Égypte : vous n’aurez donc point de la manne du ciel. Les abeilles haïssent toutes les odeurs artificielles ; et les suavités du Saint-Esprit sont incompatibles avec les délices artificieuses du monde.

4. La duplicité et finesse d’esprit exercée ès confessions et communications spirituelles, que l’on fait avec son conducteur, attire les sécheresses et stérilités : car puisque vous mentez au Saint-Esprit, ce n’est pas merveille s’il vous refuse sa consolation ; vous ne voulez pas être simple et naïve comme un petit enfant, vous n’aurez donc pas la dragée des petits enfants.

5. Vous vous êtes bien soûlée des contentements mondains, ce n’est pas merveille si les délices spirituelles vous sont à dégoût : les colombes jà soûles, dit l’ancien proverbe, trouvent amères les cerises. « Il a rempli de biens, dit Notre Dame, les affamés ; et les riches, il les a laissés vides » : ceux qui sont riches des plaisirs mondains ne sont pas capables des spirituels.

6. Avez-vous bien conservé les fruits des consolations reçues ? vous en aurez donc des nouvelles, car « à celui qui a, on lui en donnera davantage ; et à celui qui n’a pas ce qu’on lui a donné, mais qui l’a perdu par sa faute, on lui ôtera même ce qu’il n’a pas » ; c’est-à-dire on le