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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/396

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allât penser à moi en particulier, et en toutes ces petites occurences par lesquelles il m’a tirée à lui ? Et combien donc devons-nous aimer, chérir et bien employer tout cela à notre utilité ! Ceci est bien doux : ce cœur amiable de mon Dieu pensait en Philothée, l’aimait et lui procurait mille moyens de salut, autant comme s’il n’eût point eu d’autre âme au monde en qui il eût pensé, ainsi que le soleil éclairant un endroit de la terre ne l’éclaire pas moins que s’il n’éclairait point ailleurs et qu’il éclairât cela seul ; car tout de même notre Seigneur pensait et soignait pour tous ses chers enfants, en sorte qu’il pensait à un chacun de nous, comme s’il n’eût point pensé à tout le reste. « Il m’a aimé, dit saint Paul, et s’est donné pour moi » ; comme s’il disait : pour moi seul, tout autant comme s’il n’eût rien fait pour le reste. Ceci, Philothée, doit être gravé en votre âme, pour bien chérir et nourrir votre résolution, qui a été si précieuse au cœur du Sauveur.


CHAPITRE XIV

CINQUIÈME CONSIDÉRATION : DE L’AMOUR ÉTERNEL
DE DIEU ENVERS NOUS


Considérez l’amour éternel que Dieu vous a porté ; car déjà avant que Notre Seigneur Jésus-Christ en tant qu’homme souffrît en croix pour vous, sa divine Majesté vous projetait en sa souveraine bonté et vous aimait extrêmement. Mais quand commença-t-il à vous aimer ?