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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/56

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toutes sortes d’empêchements qui détournent de l’amour de Dieu. C’est le commencement de notre santé que d’être purge de nos humeurs peccantes.

Saint Paul tout en un moment fut purgé d’une purgation parfaite, comme fut aussi sainte Catherine de Gênes, sainte Madeleine, sainte Pélagie et quelques autres ; mais cette sorte de purgation est toute miraculeuse et extraordinaire en la grâce, comme la résurrection des morts en la nature, si que nous ne devons pas y prétendre. La purgation et guérison ordinaire, soit des corps soit des esprits, ne se fait que petit à petit, par progrès, d’avancement en avancement, avec peine et loisir. Les anges ont des ailes sur l’échelle de Jacob, mais ils ne volent pas, ains montent et descendent par ordre, d’échelon en échelon. L’âme qui monte du péché à la dévotion est comparée à l’aube, laquelle s’élevant ne chasse pas les ténèbres en un instant, mais petit à petit. La guérison, dit l’aphorisme, qui se fait tout bellement, est toujours plus assurée ; les maladies du cœur aussi bien que celles du corps, viennent à cheval et en poste, mais elles s’en revont à pied et au petit pas.

Il faut donc être courageuse et patiente, o Philothée, en cette entreprise. Hélas ! quelle pitié est-ce de voir des âmes lesquelles, se voyant sujettes à plusieurs imperfections après s’être exercées quelquefois en la dévotion, commencent à s’inquiéter, se troubler et décourager, laissant presque emporter leur cœur à la tentation de tout quitter et retourner en arrière. Mais aussi, de l’autre côté, n’est-ce pas un extrême danger aux âmes lesquelles, par une tentation contraire, se font accroire d’être purgées de leurs imperfections le premier jour de