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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/158

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venté une sorte de nourriture qu’il s’étoit rendue propre pour se préserver du poison. Et il se fit un tempérament si fort, qu’étant sur le point d’être pris par les Romains, et voulant éviter la captivité, il ne put jamais s’empoisonner. N’est-ce pas ce que le Sauveur a fait d’une manière très-réelle dans le très-auguste sacrement de l’Eucharistie, où il nous donne son corps et son sang comme, une nourriture à laquelle l’immortalité est attachée ? C’est pourquoi, quiconque en use souvent avec dévotion, en reçoit tant de force et de vigueur, qu’il est presque impossible que le poison mortel des mauvaises affections fasse aucune impression sur son âme. Non, l’on ne peut vivre de cette chair de vie, et mourir de la mort du péché. Si les hommes se fussent préservés de la mort corporelle par l’usage du fruit de l’arbre de vie, que le Créateur avoit mis dans le Paradis terrestre, pourquoi les hommes ne pourroient-ils pas maintenant se préserver de la mort spirituelle par la vertu du Sacrement de vie ? En vérité, s’il se peut faire qu’un peu de miel ou de sucre conserve les fruits les plus tendres et les plus sujets à se corrompre, comme les cerises, les fraises et les abricots, il ne faut pas s’étonner que nos âmes, quelques foibles qu’elles soient, se préservent de la corruption du péché, quand elles ont été pénétrées de la force et de la suavité du sang incorruptible de Jésus-Christ.