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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/191

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vapeur maligne, laquelle leur cause un assoupissement fort dangereux. C’est ainsi que l’homme fait une douce impression sur le cœur de ceux qui le reçoivent comme il se présente, sans empressement ni attachement ; mais à l’égard de ceux qui s’empressent à le chercher, et qui s’y attachent, il en sort une fumée maligne, laquelle leur porte à la tête, leur fait perdre l’esprit, et les rend méprisables.

L’amour et la recherche de la vertu commencent à nous rendre vertueux ; mais la passion et l’empressement pour la gloire commencent à nous faire mépriser. Les grandes âmes ne s’amusent pas à toutes ces bagatelles de préséance, de rang, de salut, elles se font des occupations nobles ; et cela ne convient qu’à de petits esprits, qui n’ont rien de bon à faire. Comme celui qui peut faire un riche commerce de perles, ne se charge pas de coquilles, celui aussi qui s’attache à la pratique des vertus, n’a point d’empressement pour ces marques d’honneur. J’avoue que chacun peut conserver et tenir son rang, sans blesser l’humilité, pourvu que ce soit sans affectation et sans contestation ; car, comme ceux qui viennent du Pérou dans des vaisseaux chargés d’or et d’argent, apportent encore des singes et des perroquets, parce que la dépense non plus que la charge n’en est pas grande ; ainsi ceux qui s’appliquent à la vertu, peuvent encore recevoir les