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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/201

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en vue de la gloire que nous devons rendre à Dieu, et de la préférence d’estime que nous devons donner à notre prochain sur nous-mêmes. C’est aussi ce que je vous recommande de tout mon cœur ; et, pour en concevoir mieux la pratique, considérez qu’entre les maux que nous avons à souffrir, les uns sont abjects et humilians, et les autres sont honorables ; que beaucoup de personnes s’accommodent assez de ceux qui leur font honneur, et que peu de gens font accueil à ceux qui les déshonorent. Voyez un bon et dévot Ermite tout déchiré et pénétré de froid, chacun honore son habit et plaint sa peine ; mais si un pauvre Artisan, un pauvre Gentilhomme, une pauvre Demoiselle paroissent en cet état, on les méprise, on se moque d’eux ; et la même pauvreté est abjecte en leurs personnes. Un Religieux reçoit en silence une correction fort vive de son Supérieur, ou bien un enfant de son père ; l’on appelle cela mortification, obéissance et sagesse ; mais un Cavalier ou une Dame en souffrira autant de quelqu’un pour l’amour de Dieu, et l’on appellera cela bassesse d’esprit et lâcheté. Voici encore un mal qui porte de l’abjection. Une personne a un cancer au bras, et l’autre l’a au visage ; celle-là n’a que le mal, mais celle-ci le mépris et l’abjection avec le mal. Je dis donc qu’il ne faut pas seulement aimer le mal, ce qui est un exercice de patience,