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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/202

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mais qu’il faut encore chérir l’abjection, et c’est le parfait exercice de l’humilité.

De plus il y a des vertus abjectes et des vertus honorables : la patience, la douceur, la simplicité et l’humilité, sont des vertus qui passent pour viles et abjectes aux yeux du monde ; au lieu qu’il estime beaucoup la prudence, la générosité et la libéralité. Il se trouve encore dans la pratique d’une même vertu, des actions dont les unes sont méprisées, les autres honorées : donner l’aumône et pardonner à ses ennemis, sont deux actions de charité, et il n’est personne qui ne loue la première, au lieu que la seconde est presque universellement méprisée. Un jeune Gentilhomme, ou une jeune Dame, qui fuira la société des personne déclarées pour le jeu, pour le luxe des habits, pour le mauvais enjouement des conversations, et pour l’intempérance, s’attirera leur critique, leur mépris, leurs railleries, et sa modestie passera pour hypocrisie et pour petitesse d’esprit : aimer cela, c’est aimer son abjection. En voici un autre exemple. Nous allons visiter les malades : si on m’envoie au plus misérable, ce me sera une abjection selon l’esprit du monde, c’est pourquoi je l’aimerai ; si on m’envoie à quelque malade de qualité, ce me sera une abjection selon l’esprit de Dieu, parce qu’il n’y a pas tant de vertu ni de mérite, et j’aimerai encore cette abjection. L’on tombe