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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/214

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chons en la compagnie de nos frères avec un vrai esprit de paix et d’amitié. Mais, je vous le dis universellement parlant, ne vous fâchez point du tout, s’il est possible ; et jamais, pour quelque prétexte que ce soit, n’ouvrez votre cœur à la colère : Car, nous dit saint Jacques, la colère de l’homme n’opère point la justice de Dieu. L’on doit s’opposer au mal, et corriger les mœurs de ses inférieurs avec une sainte hardiesse, et avec beaucoup de fermeté ; mais ajoutez, avec une égale douceur et tranquillité : rien ne dompte davantage le feu d’un éléphant irrité, que la vue d’un petit agneau ; et rien ne peut mieux rompre le coup d’un boulet de canon, que la laine. La correction que fait la raison toute seule, est toujours mieux reçue, que celle où la passion entre avec la raison ; parce que l’homme se laisse aisément conduire par la raison, à laquelle il est naturellement assujetti ; au lieu qu’il ne peut souffrir qu’on le domine par passion : or, c’est de là que quand la raison veut se fortifier par la passion, elle se rend odieuse, et elle perd, ou du moins elle affoiblit sa propre autorité, en appelant à son secours la tyrannie de la passion. Lorsque les Princes visitent leurs états, en temps de paix, avec leur maison, les peuples, qui se trouvent fort honorés de leur présence, en font partout éclater leur joie ; mais quand ils y vont à la tête de