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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/219

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gnation leur serve à éteindre leur passion, elle la tient toujours prête à s’enflammer de nouveau à la première occasion ; outre que ces colères, ces dépits, ces aigreurs que l’on a contre soi-même, ne tendent qu’à l’orgueil, et n’ont point d’autre origine que notre amour-propre, qui se trouble et s’inquiète de nous voir si imparfaits. Le repentir de nos fautes doit avoir deux qualités, la tranquillité et la fermeté : n’est-il pas vrai que les sentences qu’un Juge porte contre des criminels, dans l’état d’une raison qui est calme, sont plus conformes à la Justice, que celles où l’impétuosité de l’esprit et la passion ont eu quelque part ; d’autant qu’il y règle leur châtiment sur l’emportement de son humeur, et non pas sur la qualité de leurs crimes ? Je dis aussi que nous nous punissons nous-mêmes plus utilement de nos fautes, par une douleur tranquille et constante, que par un repentir passager d’aigreur et d’indignation, d’autant que dans cette impétuosité, nous nous jugeons selon notre inclination, et non selon la nature de nos fautes : par exemple, celui qui s’affectionne à la chasteté, se dépitera avec une grande amertume de cœur, sur la moindre faute qu’il commettra contre cette vertu, et il ne fera que rire d’une grosse médisance qu’il aura faite : au contraire, celui qui hait la médisance, s’affligera avec excès d’une parole fort légère contre la charité, et il comptera