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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/220

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pour rien une faute considérable contre la chasteté. D’où vient cela ? sinon de ce que l’un et l’autre juge sa conscience, non pas par sa raison, mais par sa passion.

Croyez-moi, Philothée, la remontrance d’un père faite à son enfant, avec une douceur toute paternelle, est bien plus capable de le corriger, qu’une réprimande aigre et emportée : pareillement quand notre cœur aura fait quelque faute, si nous le reprenons doucement et tranquillement, avec plus de compassion pour sa foiblesse que de passion contre sa faute, l’excitant avec suavité à se mieux régler, il sera plus touché et plus pénétré de douleur, qu’il ne le seroit de tous ces regrets que l’indignation impétueuse pourroit y exciter, Pour moi, si j’avois entrepris de ne préserver de tout péché de vanité, et que j’en eusse commis un fort considérable, je ne voudrois pas reprendre mon cœur en cette sorte : n’est-tu pas misérable et abominable, de t’être laissé emporter à la vanité, après tant de résolutions ? meurs de honte, ce n’est plus à toi de penser au Ciel ; aveugle que tu es, impudent, infidèle à Dieu. Mais je voudrois le corriger ainsi, par manière de compassion : hé bien, mon pauvre cœur ! nous voilà tombés dans le piège que nous avions tant résolu d’éviter : ah ! relevons-nous, et sortons-en pour jamais ; implorons la miséricorde de Dieu, espérons qu’elle nous soutiendra à l’avenir,