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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/240

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CHAPITRE XIV.

De la pauvreté d’esprit dans la possession des richesses.


BIENHEUREUX sont les pauvres d’esprit, parce que le royaume des Cieux est à eux : malheureux donc sont les riches d’esprit, parce que la misère de l’enfer est pour eux. Celui-là est riche d’esprit, qui à l’esprit dans ses richesses ou ses richesses dans son esprit ; et celui-là est pauvre d’esprit, qui n’a nulle richesse dans son esprit, ni son esprit dans les richesses. Les Aleions font leur nid d’une construction admirable : la forme en est semblable à une pomme, et ils n’y laissent qu’une très-petite ouverture par en haut ; ils le placent sur le bord de la mer, et le font si ferme et si impénétrable, que quand elle vient fondre sur le rivage avec ses flots, il n’y peut entrer aucune goutte d’eau, parce qu’il tient toujours le dessus des vagues dont il prend le mouvement ; ainsi il demeure au milieu de la mer, sur la mer, et maître de la mer. C’est l’image de votre cœur, Philothée, qui doit toujours être ouvert au ciel, et toujours impénétrable à l’amour des biens périssables. Si vous êtes riche, conservez votre cœur dans un grand détachement de vos richesses, et qu’il s’élève toujours au-dessus