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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/282

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Le jeûne et le travail mattent et abattent la chair : si donc votre travail est nécessaire, ou fort utile à la gloire de Dieu, j’aime mieux que vous souffriez la peine du travail, que celle du jeûne ; et c’est le sentiment de l’Église qui exempte même des jeûnes commandés les personnes occupées de travaux utiles au service de Dieu et du prochain. S’il y a de la peine à jeûner, il y en a aussi à servir les malades, à visiter les prisonniers, à confesser, à prêcher, à assister les affligés, à prier, à faire de semblables exercices : cette dernière peine vaut mieux que la première ; car outre qu’elle matte également la chair, les fruits en sont plus grands et plus souhaitables. Ainsi, généralement parlant, il vaut mieux conserver plus de forces corporelles qu’il n’en faut, que d’en ruiner plus qu’il ne faut ; car on peut toujours les affoiblir quand on veut, mais on ne peut pas toujours les réparer quand on veut.

Il semble que nous devons respecter beaucoup cette parole de notre Sauveur à ses Disciples : mangez ce que l’on vous servira. C’est, comme je crois, une plus grande vertu de manger sans choix ce que l’on vous présente, et selon l’ordre qu’on vous le présente, soit qu’il soit à votre goût ou non, que de choisir toujours ce qu’il y a de plus méchant sur la table : car bien que cette pratique semble