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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/325

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vous pourrez, de peur que votre cour, ne s’y affectionne.

Les champignons étant spongieux et poreux, attirent aisément, selon la remarque de Pline, toute l’infection qui est autour d’eux, et le venin des serpens qui peuvent s’y trouver ; de même toutes ces assemblées ténébreuses attirent ordinairement les vices et les péchés qui règnent en une ville, les jalousies, les bouffonneries, les railleries, les querelles, les folles amours. Et parce que leur appareil, leur tumulte et la liberté qui y domine, échauffent l’imagination, agitent les sens, et ouvrent le cœur au plaisir ; si le serpent vient souffler aux oreilles une parole sensuelle, ou quelque cajolerie, si l’on est surpris du regard de quelque basilic, les cœurs sont tout disposés à en recevoir le venin,

O Philothée ! ces ridicules divertissemens sont ordinairement dangereux ; ils dissipent l’esprit de dévotion, ils affoiblissent les forces de la volonté, ils refroidissent la sainte charité, et ils réveillent en l’âme mille sortes de mauvaises dispositions ; c’est pourquoi l’on ne doit jamais se les permettre, dans la nécessité même, qu’avec de grandes précautions.

Mais l’on dit surtout, qu’après avoir mangé des champignons, il faut boire du vin le plus exquis ; et je vous dis qu’après ces assemblées, il faut avoir recours à quelques considérations saintes et fort vives,