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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/329

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qu’un cheveu ? Philothée, Dieu a voulu nous apprendre que nos plus petites actions, et les plus basses, ne lui sont pas moins agréables que les plus grandes et les plus éclatantes ; et, pour lui plaire, il faut également le servir dans les unes et dans les autres, puisque nous y pouvons également mériter son amour.

Je le veux bien, Philothée, préparez-vous à souffrir de grandes croix pour Notre-Seigneur, portez votre amour jusqu’au martyre, offrez-lui tout ce qui vous est le plus cher, s’il veut le prendre ; père et mère, frère ou sœur, mari ou femme, enfans ou amis, vos yeux même et votre vie, vous le devez ; car il faut être dans cette disposition d’esprit et de cœur. Mais tandis que la divine Providence ne vous met pas à des épreuves si fortes et si sensibles, tandis qu’elle ne demande pas vos yeux, donnez-lui pour le moins vos cheveux. Je veux dire qu’il faut supporter avec douceur ces petites incommodités, ces pertes légères, et ces menus chagrins que chaque jour vous fait naître : d’autant que ces petites occasions étant bien ménagées avec un vrai amour de Dieu, vous gagneront entièrement son cœur, Oui, ces petites charités que vous faites tous les jours, ce mal de tête ou de dents, cette fluxion, cette mauvaise humeur d’un mari, ou d’une femme, cette petite marque de mépris, cette perte de quelque petit meu-