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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/356

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Augustin le conseille fortement aux veuves chrétiennes, et le savant Origène le conseille même aux femmes mariées, dans la supposition que la mort de leurs maris leur rende leur première liberté : afin, dit-il, que parmi tout ce que leur état a de sensuel, elles aient comme par anticipation le mérite d’une chaste viduité.

L’excellence du vœu est grande : car outre qu’il rend les œuvres sur lesquelles il s’étend plus agréables à Dieu, et qu’il inspire du courage et de la force pour les pratiquer, il donne tout ensemble à Dieu nos œuvres, qui sont les fruits de notre bonne volonté, et notre volonté même d’où procèdent nos œuvres, comme les fruits naissent de l’arbre.

La simple chasteté soumet le corps à l’esprit de Dieu, sans ôter à une personne la liberté d’en disposer pour les engagemens du mariage : mais le vœu de chasteté sacrifie à Dieu le corps et la liberté d’en jamais disposer : de sorte que l’on entre dans le saint et heureux esclavage de l’amour de Dieu, dont le service vaut mieux que la plus belle couronne du monde. Comme donc j’approuve infiniment la pensée de ces deux grands hommes, je souhaiterois aussi que les personnes qui voudroient aspirer à cette perfection, ne l’entreprissent pas sans consulter les règles de la prudence chrétienne, qui sont de bien sonder leur cœur, d’examiner leurs