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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/365

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est possédé du diable. Le fils de l’homme est venu en mangeant et en buvant ; et vous dites qu’il est un Samaritain.

Il est vrai, Philothée, si vous vous relâchez par condescendance pour le monde, à jouer et à danser, il s’en scandalisera ; si vous ne le faites pas, il vous accusera d’hypocrisie ou de mélancolie ; si vous vous parez, il l’interprétera mal ; si vous vous négligez, ce sera pour lui une bassesse de cœur ; il appellera votre gaité une dissolution, et votre mortification une humeur sombre ; et comme il vous regarde toujours de mauvais œil, jamais vous ne pourrez lui plaire. Il fait passer nos imperfections pour des péchés, nos péchés véniels pour des mortels, et nos péchés d’infirmités pour des péchés de malice. Dans les mêmes choses, où la charité, comme dit saint Paul, est bénigne, le monde est malin : la charité ne pense mal de personne, et le monde en pense toujours de toutes sortes de gens ; quand il ne peut condamner nos actions, il accuse nos intentions. Enfin, soit que les moutons aient des cornes, ou qu’ils n’en aient pas, soit qu’ils soient blancs ou qu’ils soient noirs, le loup ne laissera pas de les manger s’il peut. Quoique nous fassions aussi, le monde nous fera toujours la guerre ; si nous sommes long-temps aux pieds d’un Confesseur, il demandera ce que nous pouvons tant dire ; si nous y