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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/366

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sommes peu, il dira que nous ne disons pas tout ; il étudiera tous nos mouvemens, et pour une parole tant soit peu échauffée, il protestera que nous sommes insupportables ; il prendra pour une avarice le soin de nos affaires, et il fera passer notre douceur pour une niaiserie. Mais à l’égard des enfans du siècle, leur colère est une générosité, leur avarice une sage économie, et leurs manières trop libres sont une honnête conversation.

Laissons cet aveugle monde, Philothée ; qu’il crie tant qu’il voudra comme un chat-huant, pour inquiéter les oiseaux du jour, Soyons fermes en nos desseins, invariables en nos résolutions ; et la persévérance fera voir, si le parti de la dévotion que nous avons pris, a été sérieux et sincère. Les comètes et les planètes paroissent presque également lumineuses ; mais les comètes qui ne sont que des feux passagers, disparoissent en peu de temps, au lieu que la lumière des planètes est perpétuelle. De même l’hypocrisie et la vraie vertu se ressemblent fort, et on les connoît à ce que celle-là n’a point de constance, et se dissipe comme la fumée ; au lieu que celle-ci est ferme et constante. Au reste il est bon, pour assurer les commencemens de notre dévotion, d’en souffrir du mépris et quelques injustes reproches ; car on se précautionne ainsi contre la vanité et contre l’orgueil, qui font quelquefois périr les