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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/371

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y a entre les sentir et y consentir : car on les peut sentir, encore qu’elles déplaisent, mais on ne peut y consentir sans qu’elles plaisent, puisque le plaisir est ordinairement un degré au consentement. Que les ennemis de notre salut nous présentent autant d’amorces et d’appas qu’ils pourront, qu’ils se tiennent toujours à la porte de notre cœur pour y entrer, qu’ils nous fassent tant de propositions qu’ils voudront ; tandis que nous serons dans la disposition de ne pas nous plaire à tout cela, il est impossible que nous offensions Dieu, non plus que l’époux de la Princesse dont je vous ai parlé, ne peut lui savoir mauvais gré d’une telle proposition qu’on lui auroit faite, si elle n’y avoit pris aucune sorte de plaisir. Il y a néanmoins cette différence entre l’âme et cette Princesse, que la Princesse peut chasser, si elle veut, un tel entremetteur, et ne plus l’entendre : mais il n’est pas toujours au pouvoir de l’âme de ne point sentir la tentation, bien qu’elle puisse toujours n’y pas consentir. C’est pourquoi, encore que la tentation dure long-temps, elle ne peut nous nuire, pendant qu’elle nous déplait.

A l’égard de la délectation qui peut suivre la tentation, il est à remarquer que nous avons comme deux parties en notre âme, l’une inférieure et l’autre supérieure, et que l’inférieure ne suit pas toujours la supérieure, et même agit séparément d’elle :