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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/372

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et de-là il arrive souvent que la partie inférieure se plaît à la tentation, sans le consentement de la partie supérieure, et même contre son gré. C’est justement le combat que saint Paul décrit, quand il dit que la chair convoite contre son esprit, et qu’il y a en lui une loi des membres, et une loi de l’esprit, et semblables choses. Avez-vous jamais vu, Philothée, un grand brasier de feu couvert de cendres ? Quand on vient dix ou douze heures après y chercher du feu, on a de la peine à y en trouver quelque peu de reste ; il y étoit néanmoins, puisqu’on l’y trouve, et il peut servir à rallumer tous les autres charbons éteints. Voilà comme la charité, qui est votre vie spirituelle, subsiste en vous contre les plus grandes tentations : car la tentation jetant la délectation contre la partie inférieure de l’âme, charge et couvre pour ainsi dire, cette pauvre âme de tant de fâcheuses dispositions, qu’elles y réduisent l’amour de Dieu à bien peu de chose : il ne paroît nulle part, sinon au fond du cœur, encore semble-t-il qu’il n’y soit pas, et on a bien de la peine à l’y trouver. Il y est cependant très-réellement, puisqu’encore que tout soit troublé dans l’âme et dans le corps, on a toujours la résolution de ne point consentir au péché ni à la tentation ; que la délectation qui plaît à l’homme extérieur, déplaît à l’intérieur, et que bien qu’elle soit, pour ainsi parler,