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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/398

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en nous-mêmes ; c’est-à-dire, que notre âme soit triste ou en joie, dans l’amertume ou dans la consolation, en paix ou en trouble, dans les ténèbres ou dans la lumière, dans la tentation ou dans le repos, dans le goût de la dévotion ou dans le dégoût, dans l’état de la sécheresse ou dans celui d’une tendre dévotion ; qu’elle soit comme une terre, ou brûlée par le soleil, ou rafraîchie par la rosée ; ah ! il faut toujours que notre cœur, notre esprit et notre volonté tendent invariablement et continuellement à l’amour de Dieu son créateur, son Sauveur, son unique et son souverain bien. Soit que nous vivions, soit que nous mourions, dit l’Apôtre, nous sommes à Dieu ; et qui nous séparera de son amour ? Non, jamais rien ne nous en séparera, ni la tribulation, ni l’angoisse, ni la mort, ni la vie, ni la douleur présente, ni la crainte des accidens futurs, ni les artifices du malin esprit, ni l’élévation des consolations, ni l’humiliation des afflictions, ni la tendresse de la dévotion, ni la sécheresse du cœur ; rien de tout cela ne nous doit jamais séparer de la sainte charité qui est fondée en Jésus-Christ.

Cette résolution si absolue de ne jamais abandonner Dieu, ni son doux amour, sert de contrepoids à nos âmes, pour leur donner une sainte égalité parmi les variétés de tant d’accidens qui sont attachés à notre vie ; car comme les abeilles surprises du