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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/400

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que son cœur étoit attendri ? il l’appela son enfant, il pleura tendrement, il le loua de sa débonnaireté, il pria Dieu pour lui, il publia tout haut qu’il régneroit après sa mort, et lui recommanda sa famille. Pouvoit-il faire paroître une plus grande douceur et tendresse de cour ? Cependant son cœur n’étoit pas changé, et il ne laissa pas de continuer à persécuter cruellement David. Il se trouve aussi des personnes, qui, considérant la bonté de Dieu et la passion du Sauveur, sentent de certains attendrissemens de cœur, qui leur font jeter beaucoup de soupirs et verser bien des larmes parmi des prières et des actions de grâces fort sensibles ; si bien qu’on diroit qu’elles ont l’âme pénétrée d’une grande dévotion. Mais quand on en vient à l’épreuve, l’on voit que, comme les pluies d’un été bien chaud, lesquelles sont passagères, tombent à grosses gouttes sur la terre, ne la pénètrent point, et ne servent qu’à produire des champignons ; l’on voit, dis-je, que ces larmes si tendres tombant sur un cœur vicieux, et ne le pénétrant point, lui sont tout-à-fait inutiles ; car ces gens-là n’en relâcheroient pas un seul liard de tout le bien qu’ils possèdent injustement, ne renonceroient pas à la moindre de leurs mauvaises inclinations, et ne souffriroient pas la moindre incommodité pour le service de Jésus-Christ, sur qui ils ont pleuré ; et tous ces bons mouvemens de leur cœur