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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/402

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plexion molle et susceptible des mouvemens qu’on veut lui faire prendre, ou quelquefois des impressions artificieuses de l’ennemi sur notre imagination.

2. Ces affections tendres et douces sont cependant quelquefois utiles ; car elles donnent à l’âme le goût de la piété, confortent l’esprit, et ajoutent à la promptitude de la dévotion une sainte gaité, qui rend nos actions plus belles et plus agréables, même à l’extérieur ; c’est ce goût que l’on a des choses divines, sur lequel David s’écrioit : O Seigneur ! que vos paroles ont de douceur pour moi ! elles sont plus douces à mon cœur que le miel à ma bouche. Certes, la plus petite consolation que nous recevons de la dévotion, vaut mieux en tout sens que les plaisirs du monde les plus exquis. C’est ce lait qui nous représente les faveurs du divin Époux, et que l’Écriture préfère au plus excellent vin : qui en a goûté une fois, ne trouve plus que du fiel et de l’absynthe en toutes les consolations humaines. Oui, comme ceux qui ont un peu de l’herbe scitique en la bouche, en reçoivent une si grande douceur, qu’ils n’ont ni faim ni soif : de même ceux à qui Dieu a donné la manne des consolations célestes et intérieures, ne peuvent plus ni désirer ni recevoir celles de la terre, du moins pour y prendre goût et en occuper leur cœur. Ce sont des petits avant-goûts des suavités immortelles que Dieu donne aux