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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/403

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âmes qui le cherchent, comme une mère attire son enfant avec les douceurs, ou comme un médecin fortifie le cœur d’une personne foible par des eaux cordiales : et ce sont aussi quelquefois des arrhes de la récompense éternelle de leur amour. On dit qu’Alexandre le Grand, étant sur mer, jugea qu’il n’étoit pas éloigné de l’Arabie heureuse, par la douce odeur dont l’air étoit pénétré ; ce qui lui servit beaucoup à encourager toute sa flotte : et voilà comme les suavités de la grâce, parmi tous les orages de cette vie mortelle, nous font pressentir les délices ineffables de la céleste patrie à laquelle nous aspirons.

3. Mais, direz-vous, puisqu’il y a des consolations sensibles qui sont bonnes et viennent de Dieu, et qu’il y en a d’autres inutiles, dangereuses, et même pernicieuses, qui viennent ou de notre complexion, ou de notre ennemi, comment en pourrai-je faire le discernement ?

C’est un principe général, Philothée, que nous pouvons connoître nos passions par leurs effets, comme l’on connoît les arbres par leurs fruits ; le cœur qui a de bonnes inclinations est bon, et les inclinations sont bonnes, si elles produisent de bonnes œuvres. Concluez de ce principe, que si les consolations nous rendent plus humbles, plus patiens, plus charitables, plus sensibles aux peines du prochain, plus traitables, plus fervens à mortifer nos