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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/414

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sur la répugnance que la sécheresse de notre cour nous y fait trouver. J’en dis de même de toutes les bonnes œuvres : car plus nous y trouvons de contradictions, soit intérieures, soit extérieures, plus elles ont de mérites devant Dieu. Moins il y a de notre intérêt particulier en la pratique des vertus, plus la pureté de l’amour divin y éclate. L’enfant baise aisément sa mère, quand elle lui donne du sucre ; mais ce seroit une marque qu’il l’aimeroit beaucoup, s’il la baisoit après qu’elle lui auroit donné de l’absynthe ou du chicotin.


CHAPITRE XV.

Exemple remarquable, pour servir d’éclaircissement à cette matière.


MAIS pour rendre toute cette instruction plus sensible, je veux rapporter ici un fort bel endroit de la vie de St. Bernard, tel que je l’ai lu dans un Auteur également savant et judicieux : il est, dit-il, ordinaire presque à tous ceux qui commencent à servir Dieu, et qui n’ont point encore l’expérience des vicissitudes que porte la vie spirituelle, que quand le goût de la dévotion sensible leur manque, et qu’ils perdent l’agréable lumière à la faveur de laquelle ils couroient dans les voies du Seigneur, ils perdent tout d’un coup haleine, et tombent en une triste pusillanimité de cœur :