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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/221

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LA FÊTE D’INTERLAKEN

Après que les jeux furent terminés et que le bon bailli du lieu eut distribué les prix aux vainqueurs, on dîna sous des tentes, et l’on chanta des vers en l’honneur de la tranquille félicité des Suisses. On faisoit passer à la ronde pendant le repas des coupes en bois, sur lesquelles étoient sculptés Guillaume Tell et les trois fondateurs de la liberté helvétique. On buvoit avec transport au repos, à l’ordre, à l’indépendance ; et le patriotisme du bonheur s’exprimoit avec une cordialité qui pénétroit toutes les âmes.

« Les prairies sont aussi fleuries que jadis, les montagnes aussi verdoyantes : quand toute la nature sourit, le cœur seul de l’homme pourroit-il n’être qu’un désert[1]. »

Non sans doute il ne l’étoit pas, il s’épanouissoit avec confiance au milieu de cette belle contrée, en présence de ces hommes respectables, animés tous par les sentiments les plus purs. Un paysan pauvre, d’une étendue très-bornée,

  1. Ces paroles étoient le refrain d’un chant plein de grâce et de talent, composé pour cette fête. L’auteur de ce chant c’est madame Harmès, très-connue par ses écrits sous le nom de madame de Berlepsch en Allemagne.