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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/265

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LESSING ET WINCKELMANN

Des poètes, avant Winckelmann, avoient étudié les tragédies des Grecs pour les adapter à nos théâtres. On connoissoit des érudits qu’on pouvoit consulter comme des livres ; mais personne ne s’étoit fait pour ainsi dire un païen pour pénétrer l’antiquité. Winckelmann a les défauts et les avantages d’un Grec amateur des arts ; et l’on sent, dans ses écrits, le culte de la beauté, tel qu’il existoit chez un peuple où si souvent elle obtint les honneurs, de l’apothéose.

L’imagination et l’érudition prêtoient également à Winckelmann leurs différentes lumières ; on étoit persuadé jusqu’à lui qu’elles s’excluoient mutuellement. Il a fait voir que, pour deviner les anciens, l’une étoit aussi nécessaire que l’autre. On ne peut donner de la vie aux objets de l’art que par la connoissance intime du pays et de l’époque dans laquelle ils ont existé. Les traits vagues ne captivent point l intérêt. Pour animer les récits et les fictions dont les siècles passés sont le théâtre, il faut que l’érudition même seconde l’imagination et la rende, s’il est possible, témoin de ce qu’elle doit peindre, et contemporaine de ce qu’elle raconte.

Zadig devinoit, par quelques traces confuses, par quelques mots à demi déchirés, des circons-