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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/371

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DE LA POÈSIE ALLEMANDE

j’ose aussi me baigner dans les flots de l’harmonie ; et reposant à ses pieds j’écoute les chants qui retentissent dans la vallée de Tempé.

L’aigle : Je réside sur le trône même de Jupiter, il me fait signe et je vais lui chercher la foudre ; et pendant mon sommeil mes ailes appesanties couvrent le sceptre du souverain de l’univers.

Le cygne : Mes regards prophétiques contemplent souvent les étoiles et la voûte azurée qui se réfléchit dans les flots, et le regret le plus intime m’appelle vers ma patrie, dans le pays des cieux.

L’aigle : Dès mes jeunes années c’est avec délices que dans mon vol j’ai fixé le soleil immortel ; je ne puis m’abaisser à la poussière terrestre, je me sens l’allié des dieux.

Le cygne : Une douce vie cède volontiers à la mort ; quand elle viendra me dégager de mes liens et rendre à ma voix sa mélodie, mes chants jusqu’à mon dernier souffle célébreront l’instant solennel.

L’aigle : L’âme comme un phénix brillant s’élève du bûcher, libre et dévoilée ; elle salue