Aller au contenu

Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
283
SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

de lord Lansdowne et de lord Harrowby. Je les cite, parce qu’ils appartiennent tous les trois à des partis ou à des nuances de partis différentes, qui renferment à peu près toutes les opinions politiques de l’Angleterre. Il en est d’autres que j’aurois eu de même un grand plaisir à rappeler.

Lord Grey est un des plus ardens amis de la liberté, dans la chambre des pairs : la noblesse de sa naissance, de sa figure et de ses manières, le préserve plus que personne de cette espèce de popularité vulgaire qu’on veut attribuer aux partisans des droits des nations ; et je défierais qui que ce soit de ne pas éprouver pour lui tous les genres de respect. Son éloquence au parlement est généralement admirée : il réunit à l’élégance du langage une force de conviction intérieure qui fait partager ce qu’il éprouve. Les questions politiques l’émeuvent, parce qu’un généreux enthousiasme est la source de ses opinions. Comme il s’exprime toujours dans la société avec calme et simplicité sur ce qui l’intéresse le plus, c’est à la pâleur de son visage que l’on s’aperçoit quelquefois de la vivacité de ses sentimens ; mais c’est sans vouloir ni cacher, ni montrer les affections de son âme, qu’il parle sur des sujets pour lesquels il donneroit sa vie : chacun sait qu’il a refusé