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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/227

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CORINNE OU L’ITALIE.

de Rovigo, sont remarquables par la beauté et la culture ; ce n’est plus cette dévastation poétique qui annonçait l’approche de Rome et les événemens terribles qui s’y sont passés. On quitte alors

Les pins, deuil de l’été, parure des hivers[1].

les cyprès conifères[2], image des obélisques, les montagnes et la mer. La nature, comme le voyageur, dit adieu par degrés aux rayons du midi ; d’abord les orangers ne croissent plus en plein air, ils sont remplacés par les oliviers, dont la verdure pâle et légère semble convenir aux bosquets qu’habitent les ombres dans l’Élysée, et quelques lieues plus loin les oliviers eux-mêmes disparaissent.

En entrant dans le Bolonais, on voit une plaine riante, où les vignes, en forme de guirlandes, unissent les ormeaux entre eux ; toute la campagne a l’air paré comme pour un jour de fête. Corinne se sentit émue par le contraste de sa disposition intérieure, et de l’éclat resplendissant de la contrée qui frappait ses regards. — Ah ! dit-elle à lord Nelvil en soupirant, la nature

  1. Vers de M. de Sabran.
  2. ……et coniferi cupressi.
    Virgile