Aller au contenu

Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
281
CORINNE OU L’ITALIE.

fiantes étaient prononcées avec une douceur enchanteresse, et lord Nelvil se demandait comment il était possible que les mouvemens les plus simples et les mots les plus communs pussent révéler toute une ame. — Il faut, se répétait-il à lui-même, ou le génie de Corinne qui dépasse tout ce que l’imagination peut désirer, ou ces voiles mystérieux du silence et de la modestie, qui permettent à chaque homme de supposer les vertus et les sentimens qu’il souhaite. — Lady Edgermond et sa fille se levèrent de table, et lord Nelvil voulut les suivre ; mais lady Edgermond était si scrupuleusement fidèle à l’habitude de sortir au dessert, qu’elle lui dit de rester à table, jusques à ce qu’elle et sa fille eussent préparé le thé dans le salon, et lord Nelvil les rejoignit un quart d’heure après. La soirée se passa sans qu’il pût être un moment seul avec lady Edgermond, car Lucile ne la quitta pas. Il ne savait ce qu’il devait faire, et il allait partir pour la ville voisine, se proposant de revenir le lendemain parler à lady Edgermond, lorsqu’elle lui offrit de demeurer chez elle cette nuit. Il accepta tout de suite, sans y attacher aucune importance, et néanmoins il se repentit ensuite de l’avoir fait, parce qu’il crut remarquer dans les regards de lady Edger-