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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/286

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CORINNE OU L’ITALIE.

mond qu’elle considérait ce consentement comme une raison de croire qu’il pensait encore à sa fille. Ce fut un motif de plus pour le décider à lui demander, dès ce moment, un entretien, qu’elle désigna pour la matinée du jour suivant.

Lady Edgermond se fit porter dans son jardin. Oswald s’offrit pour l’aider à faire quelques pas. Lady Edgermond le regarda fixement, puis elle dit : — Je le veux bien. — Lucile lui remit le bras de sa mère et lui dit à voix très-basse, dans la crainte que sa mère ne l’entendît : — Mylord, marchez doucement. — Lord Nelvil tressaillit à ces mots dits en secret. C’est ainsi qu’une parole sensible aurait pu lui être adressée par cette figure angélique qui ne semblait pas faite pour les affections de la terre. Oswald ne crut point que son émotion en cet instant fût une offense pour Corinne ; il lui sembla que c’était seulement un hommage à la pureté céleste de Lucile. Ils rentrèrent au moment de la prière du soir, que lady Edgermond faisait chaque jour dans sa maison avec tous ses domestiques réunis. Ils étaient rassemblés dans la grande salle d’en bas. La plupart d’entre eux étaient infirmes et vieux ; ils avaient servi le père de lady Edgermond et celui de