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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/331

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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE IV.


UN soir la famille qui comblait Corinne de marques d’amitié et d’intérêt, la pressa vivement de venir voir jouer madame Siddons dans Isabelle ou le fatal Mariage, l’une des pièces du théâtre anglais où cette actrice déploie le plus admirable talent. Corinne s’y refusa long-temps. Mais enfin se rappelant que lord Nelvil avait souvent comparé sa manière de déclamer avec celle de madame Siddons, elle eut la curiosité de l’entendre, et se rendit voilée dans une petite loge d’où elle pouvait tout voir sans être vue. Elle ne savait pas que lord Nelvil était arrivé la veille à Londres, mais elle craignait d’être aperçue par un Anglais qui l’aurait connue en Italie. La noble figure et la profonde sensibilité de l’actrice captivèrent tellement l’attention de Corinne que, pendant les premiers actes, ses yeux, ne se détournèrent pas du théâtre. La déclamation anglaise est plus propre qu’aucune autre à remuer l’ame, quand