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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/422

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CORINNE OU L’ITALIE.

procha de M. Dickson, en le priant de les répéter. Lucile, qui ne s’était point occupée de ce qu’on avait dit, alla rejoindre sa mère qui l’avait fait appeler. Oswald se trouva seul avec M. Dickson, et lui demanda quelle était cette femme dont il venait de lui parler. — Je n’en sais rien, répondit-il, sa prononciation m’a prouvé qu’elle était Anglaise. Mais j’ai rarement vu, parmi nos femmes, une personne si obligeante et d’une conversation si facile ; elle s’est occupée de moi, pauvre vieillard, comme si elle eût été ma fille, et pendant tout le temps que j’ai passé avec elle, je ne me suis pas aperçu de toutes les contusions que j’avais reçues. Mais, mon cher Oswald, seriez-vous donc aussi un infidèle en Angleterre, comme vous l’avez été en Italie ? car ma charmante bienfaitrice pâlissait et tremblait en prononçant votre nom. — Juste ciel ! de qui parlez-vous ? Une Anglaise, dites-vous ? — Oui, sans doute, répondit M. Dickson, vous savez bien que les étrangers ne prononcent jamais notre langue sans accent. — Et sa figure ? — Oh ! la plus expressive que j’aie vue, quoiqu’elle fût pâle et maigre à faire de la peine. — La brillante Corinne ne ressemblait point à cette description, mais ne pouvait-elle pas être malade ? ne devait-elle pas avoir beaucoup souffert,