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Page:De Wulf - Le Problème des Universaux dans son évolution historique du IXe au XIIIe siècle, 1900.pdf/16

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historique que l’évolution du problème des universaux suit une marche parallèle à celle de la psychologie. Nous essaierons de marquer sous forme synthétique les étapes successives de son développement.

Les universaux existent-ils ou n’existent-ils pas dans la nature ? Sont-ce des choses ou sont-ce des mots ? Telle est la question sur laquelle, pendant trois siècles, quiconque se pique de philosopher, est tenu de donner son avis.

Ce sont des choses réelles ; en d’antres termes l’homme, le cheval, l’animal existent hors de nous en ce même état universel que nous avons conscience de donner à ces divers êtres dans notre entendement : telle est la première réponse des philosophes du moyen âge ; c’est celle du réalisme platonicien.

Pendant trois siècles le réalisme platonicien recueille des suffrages nombreux. Nous réduisons à trois les causes de ce succès obtenu par une théorie qui se heurte si vivement aux protestations de la raison.

D’abord, elle eut pour le défendre, un homme qui exerça sur le moyen âge un ascendant considérable, Jean Scot Erigène — J. Scot Erigène devance son temps et son temps ne l’a pas compris. À une époque où ses contemporains ne font que bégayer, Scot embrasse une synthèse intégrale. Pénétré des écrits de saint Denys l’Aréopagite, qui malgré leur philosophie individualiste, sont apparentés étroitement avec le néo-platonisme, il offre le spectacle étrange d’un homme qui à l’aurore d’une époque historique, réédite la panthéisme caractérisé d’une époque précédente, — celui de l’école d’Alexandrie, dont il n’a connu que quelques œuvres insignifiantes. J. Scot, pour rester logique avec son panthéisme, bien plus que pour répondre aux questions de Porphyre, affirme, dans les termes les plus catégoriques, l’existence objective des substances universelles. Bon nombre de ses successeurs prirent conseil du philosophe palatin pour résoudre le problème des universaux.

Une seconde raison explique à l’historien le succès du réalisme outré, qu’on pourrait appeler au moyen âge le réalisme éri-