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Page:De l'amour des femmes pour les sots. Nouvelle éd. (1858).pdf/21

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noblesse et de grandeur. Il s’imagine qu’il faut pour leur plaire des qualités au-dessus du vulgaire. Naturellement timide, il s’exagère encore, auprès d’elles, son insuffisance ; le sentiment de ce qui lui manque le rend défiant, indécis, tourmenté. Respectueux jusqu’à en être craintif, il n’ose exprimer son amour en paroles : il l’exhale par une suite non interrompue de douces prévenances, de tendres égards, d’attentions délicates. Comme il ne veut rien obtenir au prix d’une indignité, il n’est pas éternellement sur les pas de celle qu’il aime : il ne la poursuit pas, il ne la fatigue pas de sa présence. Pour l’intéresser à ses maux, il n’affiche pas un air piteux, sombre, plaintif ; au contraire, il s’efforce d’être toujours bon, affectueux et gai auprès d’elle. Ce n’est qu’en la quittant qu’il laisse percer ce qu’il souffre, et ce n’est qu’en secret qu’il verse des larmes.