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Page:De l'amour des femmes pour les sots. Nouvelle éd. (1858).pdf/22

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Le sot n’a pas de ces scrupules. L’intrépide opinion qu’il a de lui-même le remplit de sang-froid, d’assurance. Il est satisfait de sa personne, et rien ne paralyse son audace. Il est amoureux tout haut, et il sollicite avec instance des preuves d’amour. Pour se faire remarquer de celle qu’il recherche, il l’importune : il la suit dans les rues, il la guette dans les églises, il l’épie aux spectacles. Il lui tend des pièges grossiers. À table, il lui fait accepter un fruit pour le partager avec elle, ou bien il lui glisse mystérieusement, dans l’enveloppe d’une praline, quelque billet brûlant. Dans une contredanse, il lui serre la main, et, à la fin d’un bal, il lui dérobe son bouquet. En une soirée, il lui crie dix fois à l’oreille : « Que vous êtes belle ! » car son instinct lui a révélé que c’est par l’adulation qu’on prend les femmes et qu’on les perd, comme les rois. Du reste, comme chez lui tout est