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Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/345

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

vres artistes ! ils périssent si on ne s occupe pas d’eux. Il me met dans la catégorie de ceux qui ont préféré l’opinion de la postérité à celle de leur époque.

Avant dîner, nous avions été avec Jenny voir la fontaine. Baÿvet a fait ébrancher ces beaux saules et ces beaux peupliers que j’admirais tant l’année dernière et qui étaient la grâce de toute cette plaine.

13 avril. — La plus belle matinée du monde et la plus douce impression en ouvrant ma fenêtre. Le sentiment du calme et de la liberté dont je jouis ici est d’une douceur inexprimable. Aussi je laisse venir ma barbe et je suis presque en sabots. Travaillé aux Baigueuses[1] toute la matinée, en interrompant de temps en temps mon travail pour descendre dans le jardin ou dans la campagne.

Vers trois heures, promenade assez courte dans la forêt, en prenant par l’allée du chêne Prieur, revenant vers la grande allée qui croise celle de l’ermitage et revenu enfin par cette dernière, après avoir passé à l’ombre derrière l’enclos. Peu d’idées, mais un certain sentiment de bonheur : satisfaction de moi-même et de mon travail.

    que vous y montrez : c’est un art de dire ce que vous voulez et d’exprimer les nuances, qui est fort rare dans ce temps-ci, quoique ce soit là une de ses grandes prétentions. " (Corresp., t. II, p. 111-112.)

  1. Toile qui appartient à M. Rischoffsheim. Vendue une première fois 570 francs en 1864, elle atteignait 7,800 francs en 1868. « C’est, dit M. Robaut, un ravissant tableau de chevalet que ne dépare aucune négligence ; il est d’une touche preste, vive, habile : les figures sont traitées avec une grande délicatesse, et le paysage est d’une exécution très soignée. » (Voir Catalogue Robaut, no 1246.)