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Page:Delair - L’Éloge d’Alexandre Dumas, 1872.djvu/14

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L’intrigue court avec son fil d’or ; on se joue,
On s’adore, on se dupe, on se cherche, on se fuit ;
Parfois il brille un pleur sur le fard d’une joue,
Et des imbroglios chuchotent dans la nuit.

Défis, duels, rendez-vous ! On s’insulte, on se raille ;
Mais on est gentilhomme et jusque dans la mort !
C’est le cœur et l’esprit qui se livrent bataille,
Et, malgré tant d’esprit, l’esprit a toujours tort !

Certes, l’époque était corrompue et frappée
De vertige ! Après eux le déluge ! — Mais quoi !
S’il fallait du fourreau déshabiller l’épée,
En sortant du boudoir, on trouvait Fontenoy !

— Ils en valaient bien deux dans les gardes-françaises  ! —
C’étaient de beaux joueurs ! — Ces roués, ces piliers
De tripots, qui riaient et qui prenaient leurs aises
De tout au monde, étaient du moins des chevaliers !

Ils gaspillaient leur or, leur temps, leur cœur, leurs fièvres ;
Ils vivaient sans retour ! — Monsieur de Richelieu
Risquait aux dés sa vie, et, le sourire aux lèvres,
Criait : « Çà, qui se met de moitié dans mon jeu ! » —

Voilà ce qu’il montra, dans sa verve hardie
Et sa grâce, dont rien n’empoisonne le cours !
Dumas fait l’homme aimable ; et dans sa comédie
Qui triomphe à la fin ? — La jeunesse toujours !