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Page:Delair - L’Éloge d’Alexandre Dumas, 1872.djvu/15

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C’est à moi donc, au nom de ces belles amantes,
Les yeux pleins de caprice et le cœur sur la main,
Au nom des cavaliers et des vierges charmantes,
De couronner de fleurs mon grand poète humain !

Comme elle s’approche de l’estrade, une des statues qui occupent le fond de la scène descend de son piédestal et d’un geste lui barre le chemin. — C’est le Drame, représenté par la Cassandre de l’Orestie.



Scène troisième

LE DRAME.

Arrête, jeune fille ! Ah ! crois-tu qu’il suffise
D’être le chant de joie, et le rire doré,
Et la grâce légère, — et qu’il ait ignoré
Ce que coûte de pleurs la fibre qui se brise,
Ce que coûte de sang l’amour invétéré ?

Fille d’Eschyle, oiseau lugubre des tempêtes,
Moi, bouche d’anathème au milieu des vainqueurs,
Je sais qu’il a sondé tous les destins moqueurs, —
Ces deux Fatalités, dont l’une est sur nos têtes,
Impitoyable, — et l’autre, incurable, en nos cœurs !

C’est moi qui parlerai, moi qui, reine et servante,
Prophétesse et victime, ai jadis sous vos yeux,