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Page:Delair - L’Éloge d’Alexandre Dumas, 1872.djvu/16

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Belle du grand frisson farouche et radieux,
Fait passer tout le deuil et toute l’épouvante
Qui te consume, ô race humaine, en proie aux dieux !

Toi, tu n’es que le jeu brillant de sa nature !
En sais-tu bien le fond ? — Vois !

Le fond du théâtre s’ouvre. Apparaît un décor sombre et dramatique : la tour de Nesle, le vieux Louvre, et, sur les bords de la Seine éclairée par la lune, les héros et les héroïnes des drames de Dumas, distribués en groupes pittoresques.

En sais-tu bien le fond ? — Vois !C’est le carrefour
Et c’est le coupe-gorge ! — Ô nuit ! — Voici la Tour
Où s’embusquait la Mort, brûlante de luxure,
Et le Louvre, où dansaient Henri III et sa cour !

Regarde, c’est le Drame ! — Enfants de sa puissance,
Les voici, les héros de fer ou de velours,
Chevaliers du devoir, conspirateurs de cours,
Fous d’agir, tous ayant pour devise : à outrance !
Sur des mondes détruits promenant leurs amours !

C’est la crise éternelle et c’est la lutte immense
Avec ses cris, ses pleurs, ses glaives, ses brandons,
Ses haines sans pitié, ses amours sans pardons ! —
Tout ce qu’éclaire avec horreur la conscience,
Triste flambeau de l’ombre en qui nous nous perdons.

Ah ! tigresse flatteuse, à la peau tachetée,
Hypocrite ou féroce en ton agression, —