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Page:Delarue-Mardrus - Le Pain blanc, 1932.djvu/21

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CHAPITRE II


E lle resta couchée toute une journée sans voir aucun de ses enfants. Et personne ne sut ce qu’elle pensait pendant de si longues heures.

Les garçons, profitant du désastre, avaient déserté la maison. Au moment du déjeuner, ils ne parurent pas à table. Élysée, servie par les bonnes effarées, déjeuna seule, dans le tohu-bohu de la salle à manger, où dominait une échelle double.

Ensuite, dans le fouillis du grand appartement silencieux, elle rôda, pâlotte et les yeux rouges. Au cours de cette journée, son angoisse devait monter et descendre comme une marée. Quelle occupation absorbante que d’avoir du chagrin !

Le matin, au réveil, après un sommeil hanté, elle s’était dépêchée de faire sa prière. Ce n’était pas son habitude. Mais, quand on naufrage, comment ne pas trouver son Pater et son Ave ?

« Mon Dieu, continuait-elle, faites que ce ne soit pas vrai. » Et puis elle disait : « Faites que papa revienne et que maman ne crie plus. »

Chuchoter ces mots la rassurait.

Dans la petite chambre qui, plus tard, arrangée, devait devenir si gentille, elle avait fait sa toilette en ressassant de beaux espoirs.

« Papa a voulu voir, simplement, si maman ne guérirait pas