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Page:Delarue-Mardrus - Le Pain blanc, 1932.djvu/49

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CHAPITRE V


S a mère ne répondait pas à la lettre envoyée. Élysée ne s’en affecta pas.

Peu à peu, la fièvre de l’étude l’avait gagnée comme les autres. Comme les autres elle subissait l’emprise de cette éducation profondément intelligente qui laissait à chaque esprit — même un esprit de dix ans — l’initiative et l’orgueil du travail.

Elle comprenait, à présent, ou plutôt sentait l’aimantation de cette foule de jeunes cerveaux gravitant autour d’un même point lumineux : apprendre, savoir.

La débandade des récréations, la douceur des dimanches où, dans la chapelle fleurie, tous les baumes du parc se concentraient, dans l’ombre, comme un extrait dans un flacon, ces repos calmaient à point sa petite tête surmenée. Et, dans le sillage de la maîtresse aux yeux d’or, entraînée avec toutes, elle goûtait ces grandes émotions qui font presque toujours partie de la vie des pensionnats et qui sont, pour tant de petits cœurs candides, comme les innocentes prémices de l’amour.

L’autorité de Mlle Levieux avait la puissance d’un apostolat. Sa suprématie était bien celle d’un prêtre.

Ardemment, tous les cœurs se soumettaient à son sortilège austère. Ses élèves, illuminées, avaient en elle une foi d’apôtres.

Passionnées, certes, étaient toutes ces petites femmes, parce