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Page:Delarue-Mardrus - Le Pain blanc, 1932.djvu/58

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LE PAIN BLANC

vaut tout de même pas Luna-Park. Hein ?… Tu te souviens ?… Ça, tu étais bien saoule, ce soir-là !

Et la fillette, mourant de honte, fut comme une repentie à qui l’on rappelle ses anciens débordements.

« Ma chère maman, puisque tu me dis que, cette année encore, je n’irai pas à la mer, je pense que tu me permettras de passer mes vacances en Angleterre, dans la famille de ma compagne Edith Cornfield. Ces dames trouvent que ce voyage serait très utile pour moi, car je pourrai me perfectionner dans la langue anglaise que je commence à posséder assez bien. Une grande sœur d’Edith viendra nous chercher jusqu’au pensionnat et nous ramènera, les vacances terminées. J’espère que ta santé est toujours bonne et que mes frères… »

Cependant les examens et concours qui marquent la fin de l’année scolaire mettaient les élèves en effervescence. La ruche bourdonnait. Dans tous les cours, les visages étaient tendus, fatigués.

Toute cette avant-jeunesse prête à s’envoler un jour vers la vie qu’elle ne connaît pas encore, combien elle est, sans en avoir l’air, plus pathétique que l’âge mûr !

« Que vont-elles devenir ?… » pouvait-on se demander en regardant ces enfants installées dans leurs études comme si ce stade eût été définitif.

« Que vont-elles devenir ?… » On peut toujours se poser la question en face de futures femmes. Guettées par le mariage ou le célibat, les passions ou la maternité, leur sort ne peut être que tragique. Elles ressemblent à des fleurs, et l’on sourit. Mais