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Page:Delarue-Mardrus - Le Pain blanc, 1932.djvu/92

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LE PAIN BLANC

Et, quand elle fut sur son tabouret bas, devant les flammes :

— Cette petite coiffure, que c’est gentil ! dit la belle-mère en touchant les beaux cheveux ondés et noirs. Mais elle serait si réalisée avec ses nattes sur les oreilles ! Elle aurait l’air d’un vrai petit œgipan ! Nous essaierons ça demain !

— Voilà Octavie qui joue déjà à la poupée !… s’amusa le père.

Octavie… Ce nom classique fit dresser l’oreille de l’écolière. Impérial et romain, c’était bien celui qu’il fallait à une telle personne.

— Vous savez, si votre chambre ne vous plaît pas complètement, nous la modifierons !… Moi, je ne connais pas encore votre goût…

Est-ce qu’Élysée avait un goût ? Elle ne se l’était jamais demandé.

Le maître d’hôtel ayant annoncé, les trois passèrent à la salle à manger.

L’ordre parfait, le style de la maison se retrouvaient encore là. Rompre au silence total du réfectoire, la petite avait peine à répondre aux questions posées.

Le docteur Arnaud fit son possible pour égayer ce premier dîner de plus en plus glacé. Sans doute mettait-il sur le compte du dépaysement cette contraction de la fillette, si joyeuse pendant leur retour en auto.

— J’espère qu’en sortant de table vous allez me faire un peu de musique, toutes les deux !

— Vous avez déjà joué à deux pianos ?… s’informa vivement Octavie Arnaud.

— Non, jamais !… répondit Élysée, assez étonnée.

Et quand ils furent tous trois repassés au salon, ce fut une belle surprise pour elle.

Il n’y avait pas trois minutes qu’elles étaient assises face à face,