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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/103

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substrat de la divisibilité du Moi et du Non-Moi (ou de la pensée et de l’étendue). Loin de dépasser le Moi absolu, Spinoza ne s’élève pas jusqu’à lui. Si dans sa partie théorique, qui ne fait un usage constitutif que de principes subordonnés, la Wissenschaftslehre peut apparaître comme un Spinozisme systématisé, cependant la partie pratique qu’elle y ajoute, en complétant et en déterminant la première, confère au Premier Principe, au Moi absolu, toute sa valeur. (Grundlage der gesammten Wissenschaftslehre, I, pp. 100-101, 119-122, 155.) Telle est la position que Fichte assigne à sa doctrine par rapport au Spinozisme ; il la présentera d’une façon assez différente quand sa doctrine elle-même, soit par évolution régulière, soit par transformation, ne s’en tiendra plus au principe du Moi. (Voir Löwe, op. cit., pp. 251 sq.)

Mais déjà même cette manière de présenter le Spinozisme comme l’antithèse de l’idéalisme critique permet de soupçonner une affinité possible entre les deux ; car, d’une part, une antithèse ne peut être radicale que par référence, implicite ou explicite, à quelque conception ou à quelque tendance commune ; et, d’autre part, ne peut-on pas présumer que les termes antithétiques représentent chacun une moitié ou un aspect de la vérité totale ? Et c’est bien, en effet, à un rapprochement de ce genre qu’étaient destinés l’idéalisme kantien et le réalisme spinoziste. Ce rapprochement finit par s’opérer d’une manière très expresse chez Schelling.

Dans ses premiers écrits même quand il ne semblait que reprendre pour son compte les idées de la Wissenschaftslehre, Schelling était déjà comme obsédé de l’inspiration spinoziste. Dans