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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/106

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de la Nature de Schelling, et cette affirmation d’une réalité essentielle et indépendante, — la Nature, — corrige, complète ou plutôt transforme profondément l’idéalisme de Fichte, qui faisait de la Nature une production subordonnée et, pratiquement, un instrument de l’esprit.

Certes, cette Philosophie de la Nature s’oppose par bien des caractères, et tout d’abord par la hardiesse et le jeu souvent fantaisiste de ses déductions, à l’idéalisme critique de Kant, et cependant elle a dans le Kantisme quelques-uns de ses antécédents authentiques, que Schelling s’est plu lui-même à relever. Voyons donc les rapports d’opposition et les rapports de dépendance qu’il y a là-dessus entre Kant et Schelling.

C’est la science mathématique de la nature, à la façon de Newton, que Kant a tâché de justifier par sa Critique et dont il s’est efforcé d’apporter la Métaphysique. Il déclarait dans la Préface des Premiers Principes métaphysiques de la Science et de la Nature, que « la théorie de la nature ne contiendra de science proprement dite que dans la mesure où les mathématiques y pourront être appliquées » (p. 6, traduction Andler). Certes Kant ne s’en tenait pas, pour l’explication de la nature matérielle, au mécanisme géométrique, et, pour rendre compte de l’origine du mouvement comme de l’apparence sensible, il construisait une théorie des forces élémentaires, la force de répulsion et la force d’attraction ; mais les mathématiques restent applicables au calcul de ces forces. De plus, Kant énonce la loi d’inertie dans toute sa rigueur. « Toute matière, comme telle, est privée de vie. Voilà ce que dit le théorème de l’inertie, et rien de plus. Chercher la cause d’une modification quelconque de la ma-