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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/107

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tière dans la vie, c’est du même coup la chercher dans une autre substance, différente de la matière, encore qu’elle y soit unie. Dans la science de la nature, en effet, il est nécessaire de connaître d’abord les lois de la matière en tant que matière, et de les purifier de l’immixtion de toutes les autres causes efficientes, avant que de l’unir à ces dernières, afin de bien discerner quel effet produit chacun de ces causes prise à elle seule et comment elle le produit. La possibilité d’une science propre de la nature repose tout entière sur la loi de l’inertie (jointe à la loi de la persistance de la substance). L’hylozoïsme, qui est le contraire de cette loi, est par là aussi la mort de toute la science vraie de la nature. » (Premiers principes métaphysiques de la Science et de la Nature, éd. de Berlin, IV, p. 544.) Ces formules de Kant sont très caractéristiques de sa pensée, et assurément elles condamnent de la façon la plus décisive l’idée qui sera celle de Schelling, d’une nature animée, douée d’une activité interne, créatrice et autonome.

Et cependant il y avait dans la philosophie de Kant des conceptions et des tendances dont le développement pouvait aboutir à une telle philosophie. Quand on a été après coup préparé par une doctrine comme celle de Fichte à découvrir dans l’esprit un pouvoir créateur et que l’on retrouve dans Kant la thèse d’après laquelle la nature considérée dans le principe de sa possibilité s’identifie avec la Législation a priori de l’entendement, n’est-on pas porté à déclarer que le Kantisme a ouvert les voies à la doctrine d’après laquelle la nature n’est autre chose que l’esprit créateur lui-même dans l’infinité de ses productions et de ses reproductions ? (Zur Erlaüterung