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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/111

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vers ordres de faits ; mais, pour la formation technique et la pensée philosophique de Schelling, une certaine interprétation du Kantisme n’en reste pas moins un facteur très important, — comme aussi une restauration plus ou moins libre du Spinozisme.

Et l’abondance des œuvres où Schelling a exposé sa Philosophie de la Nature est dominée par les idées suivantes : Si l’on nie la valeur objective de la finalité, il n’existe pas de nature comme production réelle de l’esprit ; si la nature n’existe pas à ce dernier titre, elle ne saurait être objet de connaissance. Or la finalité de la nature se fonde sur l’unité de la nature et de l’esprit, de la matière et de l’intelligence : toute séparation de la nature et de l’esprit obligerait à admettre, pour les rapprocher, une harmonie qui, si elle était extérieure, n’expliquerait pas ce rapprochement, — si elle était intérieure, serait cette identité même. Le principe suprême est donc le principe de l’unité de la nature et de l’esprit. La Philosophie de la Nature est, comme dit quelque part Schelling, le « Spinozisme de la physique » (Einleitung zu dem Entwurf eines Systems der Naturphilosophie, III, p. 279). Philosophie de la Nature et Système de l’idéalisme transcendantal ne sont théoriquement que deux expressions de la même doctrine ; il est indifférent de partir de cette proposition : La Nature est, ou de cette autre : Je pense. [System des transcendentalen Idealismus (1800), III, p. 332.] — Même, avait dit Schelling, il ne faut pas se contenter de dire que la Nature est l’objet et l’Esprit le sujet : la Nature, comme l’Esprit, est à la fois sujet et objet, activité productrice idéale (natura naturans) et système de produits réels (natura naturata) (Einleitung zu