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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/115

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son sens exact, il importe de montrer que l’idée de cette vérité a été conquise par la conscience, et comment, — et c’est là l’objet que Hegel a assigné à sa Phénoménologie de l’esprit. — La Phénoménologie, c’est l’exposition des moments que traverse la conscience, entendue comme pensée connaissante, depuis ses formes immédiates et primitives jusqu’à son achèvement dans le savoir absolu. Ce n’est pas une genèse simplement historique qu’elle retrace, c’est une genèse rationnelle qui, si l’on peut dire, conceptualise l’histoire ; elle ne vient pas nous apprendre comment en fait l’esprit s’est développé, mais comment, en droit, il a dû se développer pour aboutir à l’idée du savoir absolu. Ainsi, d’une part, le savoir absolu suppose, pour que l’idée en soit conçue, tous les mouvements successifs et progressifs par lesquels l’esprit est allé vers lui ; il maintient en lui, tout en les dépassant et les achevant, toutes les formes antérieures de la conscience ; et, d’autre part, il se présente lui-même comme un système qui doit se développer pour manifester sa vérité essentielle et totale, qui doit manifester les transitions régulières de chacune de ses formes aux autres, de chacun de ses concepts aux autres, sous la loi de l’identité du rationnel et du réel. — Voilà comment l’idée de développement, en un sens dialectique et conceptuel, fait partie de la vérité même, non pas seulement pour marquer la nécessité de l’effort pour l’esprit qui y tend, mais plus essentiellement encore pour marquer une loi de réalisation immanente à la vérité. La Phénoménologie est la préparation au système ; mais le système comporte encore en lui-même une genèse des formes successives de la pensée, genèse dont la nécessité et la loi s’entendent bien dès qu’on