Aller au contenu

Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les mêmes raisons. Ici encore Fichte part d’un fait de la conscience empirique : la proposition Non-A n’est pas = A est également une proposition acceptée sans conteste. Ici, nous faisons abstraction du contenu A, qui n’est pas nécessaire ; il reste simplement la forme de l’opposition. La proposition est nécessaire, non pas par son contenu, mais par sa forme. Par sa forme la proposition est aussi inconditionnellement vraie que la proposition A = A ; à tout A, quel qu’il soit, son contraire peut être opposé ; c’est seulement pour son contenu que la proposition suppose une condition, à savoir que A soit posé. Je ne peux savoir, en effet, ce que signifie Non-A que si je connais A. Or rien n’est originairement posé que le Moi. Par suite, l’opposition originaire est celle du Non-Moi. Tout Non-Moi a pour condition le Moi. Ainsi l’affirmation du contraire du Moi, en tant qu’elle est l’affirmation du contraire, est inconditionnée ; en tant que le contraire affirmé est le contraire du Moi, elle suppose le Moi auquel ce contraire s’oppose. Le second principe, inconditionné dans sa forme, est conditionné dans son contenu. C’est donc le Moi lui-même qui s’oppose le Non-Moi ; et par là il apparaît que ce Non-Moi, tout en s’opposant au Moi, ne peut être pris pour une chose en soi. (Grundlage der gesammten Wissenschaftslehre, I, pp. 101-105.)

Toute démarche que nous accomplissons ainsi nous rapproche du domaine où tout est démontrable. Dans le premier principe, rien ne devait et ne pouvait être démontré ; ce principe était inconditionné également dans sa forme et dans son contenu, et il n’avait qu’en lui-même tous ses motifs de certitude. Dans le second principe, l’action d’opposer ne se laissait pas déduire, et la forme